Au revoir, au revoir, Président...
Hier soir, dans une longue allocution télévisée, Jacques Chirac a annoncé ce que nous savions déjà, qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat... Ce matin j'ai cherché partout ce que la presse en disait... et le seul billet que j'ai trouvé qui exprimait ce que je ressentais suite à cette déclaration, s'est trouvé être l'éditorial "Cruel" de Jean Michel THENARD de Libération... je vous le livre ainsi que la vidéo des réactions de Ségolène Royal, François Hollande, Claude Bartolone et Jean Louis Bianco.
Chirac. Fin de règne. Editorial
Cruel
Par Jean-Michel THENARD
Chaque président a son désir d'éternité. Mitterrand avait poussé le sien jusqu'à prétendre demeurer dans la partie : «Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas.» Chirac, hier, n'a pas hypothéqué l'au-delà. S'il quitte l'Elysée, il reste sur terre. Il continuera à «servir» mais «autrement» une France qu'il «aime passionnément». Le sortant a beaucoup parlé d'amour, hier soir. Emotion vraie du préretraité, mais façon aussi de masquer les faiblesses de son action. Le costume de président a parfois été un peu grand pour Chirac, qui a d'ailleurs revendiqué peu de choses après douze ans de mandat. Il lui a même fallu enjoliver un peu en parlant d'un «chômage au plus bas». Il a été plus à l'aise sur son testament «Etonnez le monde !» dont le classicisme ne défrisera aucun héritier. Pour garder la vedette, il n'a pas nommé son favori. Mais cela viendra car c'est bien l'identité de son successeur qui dira quel bilan les Français dressent de lui. S'ils désignent Royal, Chirac devra admettre qu'il a surtout alimenté leur désir de changement. S'ils choisissent Bayrou, cela signifiera que, en douze ans, le chef de l'Etat a à ce point abîmé la politique que les gens ne croient plus en rien, ni à la gauche ni à la droite. S'ils élisent Sarkozy, Chirac pourra en déduire que les Français l'applaudissent. Le président de l'UMP est celui qui lui ressemble le plus. Même parcours marqué au fer de la trahison, même discours volontariste à géométrie variable, même tendance à parler moins en fonction de ses convictions que de l'opportunisme électoral. Mais que celui qui desserve le moins sa cause fasse aussi campagne sur la «rupture» montre bien que la part du négatif chez Chirac l'emporte sur toutes les autres. Cruel constat.
Source : Libération