Les pratiques bushistes de l'UMP ou comment faire une campagne à l'américaine, meetings outrageusement dispendieux, matracage médiatique basé sur des mensonges grossiers, manipulation des chiffres...

Publié le par DESIRS D AVENIR CLAMART

Avec la " cellule riposte ", l'entourage de M. Sarkozy a organisé un pilonnage systématique...

Le petit groupe s'est mis en place, au sein du QG de campagne de Nicolas Sarkozy, le jour même de son inauguration, le 15 janvier. Deux réunions par jour, l'une le matin, à 8 h 30, l'autre le soir, après les journaux de 20 heures. Autour de la table, des élus rodés aux médias, des jeunes technocrates capables de " pondre " des notes d'argumentaires à la pelle et... des observateurs assidus du camp socialiste. L'équipe de campagne du candidat UMP appelle le dispositif la " cellule riposte ". Ségolène Royal en est la cible favorite.

Outre les politiques classiques qui viennent, à tour de rôle, récolter arguments et missions avant leurs passages dans les radios, les télévisions et la presse, on y trouve Marie-Hélène Debas, arrivée dans les équipes Sarkozy il y a cinq ans. Celle-ci est chargée tout spécialement de suivre, pas à pas, l'agenda de la candidate socialiste. Voyages à l'étranger, déplacements en province, réunions publiques et interventions dans les médias, tout est recensé. La jeune femme suit également, notes de synthèse à l'appui, les débats sur les sites Internet de gauche, les critiques sur les blogs, les vidéos qui circulent, bref, " le buzz - bruit médiatique - sur l'adversaire ".

Cédric Goubet et Emmanuelle Mignon, trentenaires arrivés eux aussi dans le sillage de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2002, se chargent des discours, des argumentaires techniques, des " éléments de langage ", comme disent les communicants.

Mardi 23 janvier, le groupe a passé un bon moment à disséquer point par point l'entretien de Ségolène Royal sur Europe 1, face à Jean-Pierre Elkabbach. Puis, les élus et les porte-parole du candidat UMP se sont réparti les sujets avec une seule et même mission, disent-ils : " la tacler ". Le député UMP Dominique Paillé est donc allé expliquer à l'AFP combien il jugeait Ségolène Royal " inquiétante " après ses déclarations sur le Québec. Christian Estrosi, Michèle Alliot-Marie et Jean-Pierre Raffarin ont poursuivi le procès en " incompétence " de Mme Royal sur toutes les radios. Et la porte-parole de M. Sarkozy, Rachida Dati, est allée contester la candidate socialiste sur sa " méconnaissance " supposée des dispositions en faveur des femmes battues.

En fonction des sujets, ces soldats montant au feu contre Mme Royal et ses alliés changent presque chaque jour.

Pierre Lellouche est chargé de recenser toutes les déclarations du camp adverse sur la politique étrangère. Michel Barnier s'occupe également de relations internationales et d'un des sujets-clés pour la candidate socialiste, l'écologie. Eric Woerth et Alain Lambert décortiquent ses propositions fiscales. Patrick Devedjian s'attache à calculer le coût en termes d'emplois et l'impact économique régional de la suppression éventuelle de centrales nucléaires évoquée par Mme Royal. " L'idée est de nourrir la contre-attaque sans jamais faiblir ", dit l'un des conseillers de M. Sarkozy.

" COUP DE BLUES "

La " cellule riposte " n'est cependant pas la seule à être entrée dans le combat. Chaque matin, vers 9 h 30, les " politiques " se retrouvent autour du directeur de campagne Claude Guéant et du conseiller spécial François Fillon, pour un dernier " calage ". Les mardis et les jeudis matin, à l'UMP cette fois, Brice Hortefeux dirige lui aussi une réunion d'élus et de porte-parole. Ces multiples cercles ne sont pas sans rivalités. On se jalouse, souvent, on se conteste, parfois, un bon mot, une formule. Jean-Pierre Raffarin, ancien président de la région Poitou-Charentes, et Dominique Paillé, député des Deux-Sèvres, rivalisent ainsi pour apporter des dossiers qui nourriront la critique de l'action de Ségolène Royal dans sa région. Mais les difficultés actuelles des socialistes ont calmé bon nombre de rancoeurs à droite.

Nicolas Sarkozy rappelle cependant tous les jours à ses conseillers la ligne à adopter face à Mme Royal : " On lui répond factuellement, mais on ne l'agresse pas. "

Les maladresses de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius dans la campagne interne au PS ont, à cet égard, servi de leçon. Les sarkozystes ont d'ailleurs beaucoup joué de l'amertume des troupes des deux rivaux socialistes de Mme Royal et qu'ils côtoient à l'Assemblée nationale, parmi les hauts fonctionnaires des ministères ou dans les agences de publicités, pour récolter quelques informations sur les travers de leur adversaire. Ils en ont aussi tiré la conviction que la candidate socialiste a du caractère, de la ténacité et un charisme réel, même s'ils n'en saisissent pas toujours les ressorts.

Jean-Michel Goudard, chargé du rythme et de la stratégie de la campagne de Sarkozy, se refuse donc à évoquer " un dévissage " de Mme Royal mais parle plutôt " d'un coup de blues ". " Il ne faut pas trop s'exciter là-dessus ", juge-t-il, même s'il se félicite du " doute qui s'installe dans l'armée d'en face ". Ancien publicitaire, il rêve de transformer le duel Sarko-Ségo, en combat du " faire " contre le " paraître ", mais maintient qu'" elle reste dangereuse ". " Pas d'euphorie ", met également en garde Patrick Devedjian. " On ne croyait pas aux sondages qui la donnaient victorieuse à 52 contre 48, on ne va pas y croire davantage à présent qu'ils nous sont favorables. L'écart est trop faible et nous ne sommes pas à l'abri d'un pépin. " L'équipe sarkozyste craint d'ailleurs les annonces programmatiques de Mme Royal, officiellement annoncées pour le 11 février. " Elle pourrait retrouver un élan en annonçant deux ou trois propositions séduisantes. " Aussi, disent-ils, " autant prendre de l'avance et l'affaiblir avant ".

Source : Raphaëlle Bacqué et Philippe Ride - © Le Monde

Publié dans Indignation

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R
Coup de blues de Ségolène pourquoi pas ???<br /> Coup de bluff de l'UMP certainement, il n'en sont pas à un "coup d'essais...
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