Le milieu humanitaire français se déchire à propos du Darfour

Publié le par Libérons Ségolène

Je suis toujours mal à l'aise quand on se dipute sur un cadavre (vieux relent d'une éducation judeo chrétienne, sans doute), mais là, je voudrais leur dire, au lieu de vous invectiver, écoutez vous. Pour la plupart que ce soit Urgence Darfour ou MDM, ils se connaissent tous très bien les uns les autres et pendant ce temps là, les politiques ne font rien, mais rien de rien et les darfouri meurent.... Tic tac, tic tac, bientôt il n'y aura plus de cadavres sur lesquels se disputer !


Intervenir au Darfour. Oui mais comment ? Alors que Bernard Kouchner, théoricien du "droit d'ingérence", est pressenti pour devenir ministre des affaires étrangères, le monde humanitaire français affiche sa division sur la manière de faire cesser les tueries dans cette région de l'ouest soudanais. Le débat reflète les déchirements de la gauche en politique internationale.

La campagne récemment lancée par Bernard-Henri Lévy contre "ce qui peut devenir le premier génocide du XXe siècle", en particulier lors du meeting parisien du collectif Urgence Darfour, le 20 mars, soulève "les réticences, voire l'opposition" des associations humanitaires, selon Pierre Micheletti, président de Médecins du monde (MDM), qui évoque des "déclarations dangereuses et intempestives". De son côté, le président de la fondation Médecins sans frontières (MSF), Jean-Hervé Bradol, "regrette qu'un collectif (...) préfère donner dans la surenchère guerrière (...) plutôt que de pousser les gouvernements européens à s'engager sérieusement dans une politique de médiation".

Lors de cette réunion à laquelle participait M. Kouchner, le conflit avait été présenté comme opposant musulmans modérés et radicaux, et une intervention armée avait été prônée. Le même soir, Ségolène Royal et une représentante de Nicolas Sarkozy avaient signé un texte promettant de peser pour que le Conseil de sécurité de l'ONU adopte des sanctions contraignantes contre Khartoum.

Dénonçant une "dialectique simplificatrice à l'extrême", loin de la "complexité de la situation locale" vécue par ses équipes, le président de MDM estime que le conflit du Darfour est "fait de rivalités entre agriculteurs sédentarisés et pasteurs nomades" aggravées par "l'activation de rancoeurs voire de haines reposant sur des bases ethniques".

"MANIPULATIONS"

Pierre Micheletti dit encore refuser l'instrumentalisation des humanitaires destinée à justifier un conflit armé : "Au moment où les radicalismes du monde musulman utilisent ce type de confusion pour assimiler l'ensemble des intervenants, y compris les humanitaires, à des supplétifs des armées occidentales (...), nous devons nous protéger de ce type de manipulations véhiculées par d'autres radicalismes, occidentaux ceux-ci".

"Où sont passés les "French doctors" ?", s'insurge en réponse Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour. Les humanitaires, dit-il, ont "perdu le sens de l'engagement du côté des victimes. Ils renoncent au devoir d'ingérence au moment même où le droit international le reconnaît".

M. Mamou accuse MDM, qu'il a présidée, d'être mue par une "démarche idéologique" de type altermondialiste plus que par une approche humanitaire. "Ils sont terrorisés à l'idée d'élever la voix contre Khartoum", peste-t-il, car "pour une fois, "les méchants" ne sont pas des Blancs soutenus par les Américains mais des Arabes aidés par les Chinois. On a remplacé les humanitaires par des "progressistes"!"  M. Mamou estime que l'arrivée de M. Kouchner au Quai d'Orsay serait "une bonne nouvelle pour le Darfour".

Source : Le Monde par Philippe Bernard

Publié dans Indignation

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